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Tout feu, tout flamme. Entretiens avec des anciens des Cellules Révolutionnaires (RZ) Allemagne, 1973-1993

Tout feu, tout flamme
Entretiens sur la résistance armée avec des anciens des Cellules Révolutionnaires (RZ)
Allemagne, 1973-1993

En 1973, deux attentats à la bombe contre une multinationale des télécommunications en République Fédérale d’Allemagne marquent les débuts de ce qui allait devenir les Revolutionäre Zellen (RZ, « Cellules Révolutionnaires »). Inspirées par les mouvements de libération armés dans le dit tiers-monde et portées par l’agitation subversive qui secoue les métropoles occidentales, les RZ réalisent des dizaines d’attaques, ciblant plus particulièrement le complexe militaro-industriel. Au début des années 1980, elles définissent un angle plus social-révolutionnaire avec le foisonnement d’importantes luttes offensives contre la construction de centrales nucléaires et d’autres nuisances industrielles, de conflits contre l’OTAN et le militarisme, de combats contre le patriarcat et les nouvelles technologies, ou encore de révoltes d’une jeunesse enragée. Dotées d’une solide logistique souterraine décentralisée, les RZ revendiquent près de 200 attentats, principalement explosifs et incendiaires, jusqu’en 1993.

Dans ces entretiens, trois anciens des RZ donnent leur vision du parcours historique de cette organisation de résistance armée. Avec une disponibilité au débat encourageante, ils dressent des bilans critiques, s’interrogent sur l’action offensive, réfléchissent sur les difficultés qu’implique une structure organisationnelle décentralisée mais permanente, questionnent les rapports au sein des groupes d’action souterrains et reviennent sur les péripéties de vies ayant une dimension de combat clandestin.

« Notre objectif est et a toujours été la diffusion de la résistance armée, était et reste le soutien d’un réseau de groupes autonomes qui, en tant que tendance armée au sein du mouvement, sont capables d’agir par eux-mêmes dans leurs villes et régions, qui y poussent plus loin les contradictions. »
(RZ, 1981)

580 pages // 16 euros
Sommaire

Les raisins de la colère            (introduction)

Entretiens avec trois anciens des RZ  sur la résistance armée
Créer une, deux, trois…
Anti-impérialisme et révolution sociale
Créer du contre-pouvoir, s’organiser
Autonomisation ou avant-garde
Morale révolutionnaire. Le désastre d’Entebbe
Le choix des armes
Rupture et nouveau départ
Les femmes forment leurs bandes
Mobilisations offensives et sabotage
Les raisins de la colère
Révolution sociale contre la politique migratoire impérialiste
Antiracistes et antipatriarcales, mais comment ?
Contrecoups et  descentes de police
Répression et solidarité
Gerd Albertus est mort
Forces centrifuges
Trahison et solidarité
Groupes, structures et constellations
La lutte continue

Quelques textes de discussion des RZ
Lutte subversive dans le mouvement anti-nucléaire
8 ans des RZ, deux pas en avant dans la lutte pour l’esprit des gens et le nôtre
Le mouvement contre la Startbahn West
Beethoven contre McDonald’s
Gerd Albertus est mort
La fin de notre politique
Quand la nuit est la plus profonde… le jour est le plus proche

Chronologie  (1967-1995)                  

Synthèse du procès à Berlin contre des personnes accusées d’avoir appartenu aux RZ                    
Procès contre Sonja et Christian        

Le chant du cygne. Saborder la société industrielle et défier le sort qu’elle nous réserve.

Face au désastre climatique qui s’emballe, la société industrielle appuie sur l’accélérateur. Transition énergétique, innovations technologiques et renouveau industriel sont appelés à la rescousse des rouages qui se grippent et des moteurs qui crachotent.
Dans son sillage, le navire titanesque du progrès laisse un paysage affligeant de béton et d’acier, d’usines et de chaînes technologiques, de pollutions et de plastiques, de chimères agrochimiques et d’irradiations durables. A bord de ce navire, le confort des cabines peut être amélioré, la salle des machines réorganisée, les officiers au gouvernail remplacés, mais la liberté n’y est pas possible. Ce qui nous reste alors, c’est de l’envoyer au plus vite par le fond et oser le saut dans les eaux libres.

304 pages // format 190 x 125mm
été 2022
12 euros

Avant-propos

Dans une froide nuit d’avril de 1912, huit musiciens jouent pour la dernière fois sur le pont d’un paquebot transatlantique. L’orchestre, composé d’un quintette et d’un trio, avait été embauché pour le voyage inaugural du plus grand bateau de croisière jamais construit. Le Titanic fut baptisé « l’insubmersible » par une presse impressionnée par les techniques de pointe employées lors de sa construction. Cependant, le paquebot heurta un iceberg et coula. Deux-tiers des voyageurs et de l’équipage se noyèrent dans les eaux glaciales de l’Océan Atlantique.
Jusqu’au dernier moment, le célèbre orchestre continua à jouer. Entre valses joyeuses et morceaux intimes amenant l’auditoire à faire la paix avec le sort qui les attendait, les musiciens auraient contribué à prévenir la panique à bord. D’autres témoignages soulignèrent que leurs notes créèrent un faux sentiment de sécurité qui aurait poussé les gens à ne pas quitter le navire à temps. Quoi qu’il en soit, les huit musiciens, tous morts lors du naufrage, sont entrés dans la légende, exemples sanctifiés d’un héroïsme presque surréel.
Sous les averses si caractéristiques de l’Écosse, des centaines d’experts et de délégués de tous les États du monde se sont réunis début novembre 2021 à l’occasion du vingt-sixième sommet sur le changement climatique organisé par les Nations-Unis. Baptisé COP26, c’était loin d’être un voyage inaugural et de nombreux orchestres furent déjà embauchés pour accompagner les péripéties de l’industrialisme lors de son naufrage annoncé. Depuis 1992, début de ces conférences quasi annuelles, les valses et les symphonies, toujours grandioses, jouent les airs de transition écologique, croissance durable, développement vert, économie dématérialisée. Surtout pas de panique. Mais aujourd’hui, il semble que même les meilleurs musiciens ne sauraient plus masquer que le glas a sonné… Difficile de ne pas prendre les larmes et la voix brisée du président de la conférence, qui s’est excusé lors de la séance finale pour le résultat lamentable – aucun accord permettant aux adeptes de la politique de croire à une réduction sensible des émissions de gaz à effet de serre qui réchauffent le climat n’a été conclu – comme les signes d’une renonciation, d’une acceptation du destin devenu inexorable. Mêmes les plus optimistes quant aux possibilités de l’industrialisme à réaliser un changement de peau qui ne soit pas juste caméléonesque reconnaissent désormais qu’il sera impossible de garder le réchauffement climatique sous les 1,5 degrés. Depuis les débuts de l’industrialisme, le réchauffement a été d’au moins 1,5 degré. Les changements climatiques ont été importants et se vérifient maintenant presque année après année.
Le changement climatique n’est donc pas un iceberg que la société industrielle pourrait heurter. Ce n’est pas une possibilité plus ou moins probable. C’est un fait. L’activité industrielle, la dévastation des forêts, l’empoisonnement des fleuves, l’intoxication de l’air a déséquilibré la biosphère au point d’engendrer des bouleversements, des basculements et des transformations presqu’impossibles à prévoir, à modéliser. Les améliorations techniques ou les technologies plus vertes n’y peuvent plus rien : ce n’est que de la musique pour nous amener à faire la paix avec le naufrage final que connaîtra cette civilisation désastreuse, animée par le culte de la croissance matérielle, de la domination, de l’exploitation du vivant, de l’accaparement… en somme, du pouvoir. Tout ce qui va encore accroître ce pouvoir (de nouvelles ressources énergétiques pour combler les pénuries de combustibles fossiles aux technologies augmentant encore plus la domination du vivant au nom d’une gestion écologique) ne fait qu’ajouter une nouvelle symphonie à l’œuvre accumulée déjà extrêmement déconcertante. Une bonne partie des enjeux se situent aujourd’hui en effet sur la question énergétique. Les « besoins » énergétiques de la société tout-numérique ne vont qu’accroître. Si aucune « décroissance » n’est politiquement ou économiquement possible en préservant les paradigmes actuels (exploitation, pouvoir, conquête), les enjeux pour les capitaines de cette société se situent alors non pas tellement dans la réduction des émissions, mais dans une addition des ressources énergétiques pour faire face au binôme menaçant de l’épuisement des ressources et de l’emballement climatique. Dans ce sens, une éventuelle relance du nucléaire est donc parfaitement mariable avec l’exploitation du vent, des marées, des cours d’eau, du soleil, de la chaleur géothermique etc. Si le naufrage est bel et bien en cours, rien n’empêche aux capitaines d’ordonner à l’équipage de jeter encore une dernière pellée de charbon dans les fours, d’augmenter la pression sur les chaudières à vapeur, de faire tourner les pompes pour évacuer l’eau qui submerge les compartiments.
Car de toutes parts, l’eau est en train de rentrer dans « l’insubmersible paquebot » qu’est notre civilisation. Chaque fuite multiplie la pression avec laquelle l’eau fait sauter les rivets, les soudures, les boulons qui maintiennent le navire à flot. L’été dernier [2021], les fumées des feux de forêts aux dimensions dantesques qui ravageaient la Sibérie ont pour la première fois atteint le Pôle Nord, mettant le feu à la mèche qui fera détonner la « bombe de carbone » capturé dans les glaces en train de fondre. Les tempêtes tropicales qui ravageaient avec une violence toute nouvelle les territoires proches de l’équateur annonçaient les sécheresses bibliques qui frappèrent d’autres régions quelques mois plus tard. Ce sont les rétroactions climatiques : les phénomènes par lesquels « un effet sur le climat agit en retour sur ses causes d’une manière qui peut le stabiliser ou au contraire l’amplifier ». Dans le cas de rétroactions négatives (tout phénomène qui, par exemple, contribue au réchauffement climatique), leur accumulation ou enchaînement peut mener à un emballement où les déséquilibres sont tels qu’ils marquent des points de non-retour et entrainent des modifications profondes du climat.
Monter sur le pont pour scruter l’horizon afin d’avertir les passagers sur la proximité d’icebergs, c’est refuser de comprendre que les points de non-retours ont déjà lacéré la coque de la société industrielle. La question n’est certes pas si il y aura un grand changement climatique, ni même de quel ordre il sera, la question est de sa- voir si nous sommes enfin prêts à résister aux sirènes de la musique qui prévient la panique, mais aussi la révolte. La question, ce n’est pas de savoir combien de places il y a dans les bateaux de sauvetage, ni d’invoquer l’arrivée prochaine du Carpathia pour un sauvetage en attendant le prochain naufrage. A l’heure où le glas a sonné, que les horizons sont bouchés, et que le débat tourne autour des préférences pour tel ou tel prétendu sauvetage (énergies renouvelables, géo-ingénierie, artificialisation ultérieure de l’agriculture, projets aussi pharaoniques que totalitaires pour « restaurer le climat »,…), la liberté réside chez celles et ceux qui œuvrent à faire couler le navire avant qu’il intoxique tout l’océan avec son carburant, tout l’air avec ses fumées vicieuses, tout univers mental avec le bruit de ses machines et les notes de ses symphonies de distraction. Cette liberté ne peut pas être porteuse de lendemains qui chantent, des ciels bleus sans nuages, de programmes d’un bien-être garanti. Elle ne peut que devenir ce qu’elle est : sauvage et belle, courageuse et douce, capable d’envoyer le navire et ses capitaines au fond de l’abîme. Elle est sans regret et ne viendra à la rescousse d’aucun nostalgique du pouvoir, qu’il soit aspirant-chef ou citoyen confiant en l’État. Alors, rompre les rangs, c’est maintenant. Le chant du cygne a commencé.

Caracremada. Sur les sentiers de la guérilla en Espagne (1945-1963)

La vie de celles et ceux qui luttent pour l’anarchie est difficile à raconter. Vouées à l’action, leurs vies se déroulent aussi discrètement qu’elles sont vécues pleinement. La vie de Ramón Vila Capdevila, dit Caracremada, fait partie de ces parcours souterrains.

S’engageant d’abord dans les groupes d’action armée nées au sein de la guerre sociale dans l’Espagne des années 20, Ramón connut ensuite les joies et les amertumes d’une vaste révolution sociale. Exilé en France après la victoire des franquistes, il rejoignit le maquis contre l’occupant nazi. Puis il reprit la lutte clandestine contre le régime militaire en Espagne : incursions pour amener des armes et du matériel, sabotages de pylônes de haute tension, d’usines et de voies ferroviaires, soutien logistique aux groupes de guérilla urbaine, expropriations pour financer la lutte. Ce fut une vie dure et intense au rythme des saisons dans les forêts et les montagnes de la Catalogne. D’une endurance exceptionnelle et d’une force de caractère hors du commun, Ramón sut prolonger les hostilités pendant des décennies. Agissant souvent seul ou en petit groupe, Caracremada arpenta les montagnes jusqu’à son dernier souper.

Format 19x13cm – Couverture sérigraphiée
212 pages – 8 euro

Détruisons le travail (Alfredo M. Bonanno)

« Parler de destruction du travail semble simple. Mais il n’y a rien de plus difficile que de parler de destruction. Parce qu’en nous tous, au fond de notre conscience, il y a la peur de l’avenir. Parlons clairement : révolutionnaires ou pas, il y a toujours la peur de l’avenir. Car la peur de l’avenir, c’est la peur de la mort, car la mort viendra évidemment à notre rencontre depuis l’avenir. Ils sont frère et sœur. »

Nous ne sommes pas intéressés par les préoccupations politiques de ceux qui considèrent le chômage comme un danger pour l’ordre et la démocratie. Nous ne sommes pas non plus concernés par la nostalgie du manque de professionnalisme. Nous sommes encore moins enthousiasmés par les réformateurs du travail à la chaîne ou du travail intellectuel régi par la planification industrielle avancée. De même, nous ne sommes pas concernés par l’abolition du travail ou sa réduction à un minimum tolérable dans une vie ainsi imaginée pleine et heureuse. Derrière tout cela il y a toujours les griffes de ceux qui veulent organiser notre existence, penser pour nous ou nous suggérer poliment de penser comme eux.
Nous sommes pour la destruction du travail. Procédons dans l’ordre : notre position est totalement différente et c’est ce que nous tenterons d’expliquer.

Sommaire:
Avant-propos
Détruisons le travail
La destruction du travail (transcription de deux conférences à Athènes en 2009)
S’il vous plaît, restons les pieds sur terre
Post-face

90 pages // 3 euros

Les chaînes technologiques d’aujourd’hui et de demain

 » Le diable s’est installé dans un nouveau domicile. Et quand bien même nous serions incapables de le faire sortir de son repaire du jour au lendemain, il nous faut au moins savoir où il se cache et où nous pouvons le débusquer, afin de ne pas le combattre dans un coin où il ne se réfugie plus depuis longtemps — et pour qu’il ne se paie pas notre tête dans la pièce d’à côté.  »

Cet essai cherche à survoler les domaines que la recherche se propose d’explorer dans les décennies à venir (nanotechnologies, biotechnologies, sciences cognitives, technologies de l’information) et de dresser la liste des avancées technologiques qui ont radicalement transformé le rapport à soi, aux autres et au monde ou qui s’annoncent. On pourrait dire qu’il est incomplet, mais son but n’est pas là. Il s’agit d’une incursion de reconnaissance sur le territoire de l’ennemi afin de disposer de quelques éléments supplémentaires pour orienter notre activité destructrice.

Sommaire
Avant-propos : une nouvelle cartographie pour l’attaque contre le pouvoir
Les chaînes technologiques d’aujourd’hui et de demain
Le labyrinthe technologique
Causes et conséquences
Du court-circuit en black-out social

122 pages (deuxième édition augmentée)
4 euros